"Moi qui n'croit pas en l'éternité des passions, c'est surement entre
ses bras que j'vais calanche, alors en attendant...Vivons emsemble.
Jusqu'as
c'jour ou sur le quai, crechera plus c'regard noircie par l'rimmel,
posé sur mon vaisseau prenant l'large. C'jour là, j'en voudrais a la mer
entière."
Ô ma douceur.
j'ai
chaussé mes bottes bleues, encore je part. J'm'en vais r'joindre mon
amante comme tu dit, celle qui m'accapare. J'apostrophe un doux baiser
sur ton front chaud, enquille un baluchon sur mes fières endosses et
imprime ton image dans mon esprit. Dans 15 lunes, 15 nuits et nous nous
r'verrons. Pour l'heure, cap au suroît et j'salue les grains.
Au
passage des feux du port, j'me r'mets c'faciès de môme, r'tenant ces
lacrymales avec peine, f'sant etinceller ces yeuxs pareil qu'a l'étoile
polaire les noilles d'hiver. Ces yeuxs qu'avait plus l'air de rêver, ces
yeuxs qui m'obséde.
J'me d'mande si t'as peur pour moi, si tes
pensées pour ma gueule iodé n'laissent de place pour rien d'autre dans
ton palpitant, ce metronome qui m'manque déja. J'me d'mande si c'soir tu
roupillera seule, car tous te veulent.
J'ai passez la nuit les
paluches dans la flotte, demaillant d'mes filets les trésors de la
mer.Le sel cristallise dans ma barbe, une brise consume le megot posé
entre mes lèvres, j'attend, l'âme en peine. Le r'gard tourné vers
l'est...Ca y'est, le prisme des couleurs se r'fletant dans les embruns
m'apporte le jaune des tes iris, ma poule aux yeuxs d'or.
En
lovant une aussière dans une caisse vaseuse, j'lambine a choufé la mer a
l'orée du jour, dans une grisaille presque terne, une fine bruine
lancequine a la surface de l'étendue, brouillant doucement cette mer
presque calme...Une apparence de tamise nappé d'"fog" dans l'London des
films d'espion rosbeef, m'amène a une douce salope de nostalgie
maussadesque. Cette eau percutant ce presque miroir marin, m'embrume
l'caberlot d'l'époque ou les mouflets qu'nous etions rentrait dans les
cahuttes des aisés pour appreciez leurs piscailles, sous une pluie tiède, dans la torpeur d'une journanche d'aout. Et fatalement a toi, ma tendre.
Il est tôt, j'm'endors, toi, tu t'eveille, tu m'manque depuis des années, pourtant, on c'est quitté la veille.
J'maudit déja ce jour ou tu partiras, las de m'attendre.
"Dès lors ou mon âme n'aura plus pour toit cette passion, l'océan n'sera qu'un funeste horizon."
Et
à l'heure ou sous l'matraquage de ces flots, j'glisserais, en souriant a
ces tourments, j'demande cette phrase, comme funèbre oraison.
Au
46°13'991 N 1°40' 402 W Force 4 a 5, dans l'gaillard de c'rafiot sur
lequel ma vie défile, sans toi. Mes dextres cradingues sallisent cette
page empli d'tendresse, j'me sent mouillé, mouillé des pieds jusqu'au
coeur, en patientant a l'alizée, l'zéphir, voir même la bourrasque, qui
m'ammenera ma douce créature ,toi, le vent divin qui sechera cette
flotte salé v'nant des abysses de l'océan ou du bord de mes cils...Pour
consumer un amour, tombé du ciel, rien qu'toi & moi, entre terre et
mer.
"Bacchus & Neptune comme comparses, un jour ou
l'autre, l'un des deux m'noyera, car en habitué d'l'éxcès...Jamais je
n'metterais d'eau dans mon vin.